Journée mondiale de l’environnement : In memoriam Wangari Maathai

Article : Journée mondiale de l’environnement : In memoriam Wangari Maathai
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27 juillet 2020

Journée mondiale de l’environnement : In memoriam Wangari Maathai

Le mois de juin, 6è de l’année civile s’est écoulée. Journées internationales, anniversaires d’indépendance… Nombreuses sont des festivités et des commémorations qui l’ont rythmées. Mais une date, celle du 5 juin a attiré mon attention. A cette date, le monde célèbre tous les ans depuis 1974, la journée mondiale de l’environnement.

Ce n’est un secret pour personne. Dans une année, un arsenal de dates est retenu et figé pour commémorer les journées mondiales. Ces dates sont consacrées par les Nations Unies. Ainsi, la journée du 5 juin s’inscrit sur la liste de 140 dates retenues par l’Assemblée générale des Nations unies pour promouvoir une lutte reconnue comme essentielle par ses pays membres. Qui peut sérieusement dire avec fierté qu’il ignore ce qu’on célèbre le 8 mars ? Combien de personnes peuvent lever la main pour montrer ostensiblement qu’elles ne savent pas que le 10 décembre est consacré à la journée mondiale des droits humains ?

Le 5 juin, à la journée mondiale de l’environnement, on promeut la lutte pour la préservation de la biodiversité.

Petite parenthèse. L’environnement, c’était aussi le thème retenu par le collège des membres du jury du concours de Mondoblog. C’est dire combien il plait à l’équipe d’Atelier des médias et de blogueurs de RFI d’accorder une attention particulière aux problématiques environnementales. Fermeture de la parenthèse.

Si la question de l’environnement doit être une habitude et donc être abordée au quotidien ; si elle ne se résout pas en une seule date et donc faire les choux gras des médias uniquement le 5 juin, cette date est le point de bilan. C’est le moment pour les associations et les organisations dont l’objet immédiat ou indirect aborde la problématique ainsi que pour les pouvoirs publics de s’arrêter et de faire un bilan. Quels ont été les objectifs de départ ? Quelles sont réalisations ? Le résultat obtenu est-il satisfaisant ? Que reste-t-il à faire ? Quelles sont les actions correctrices à mener ?

C’est l’occasion de prendre le contrepied parfait des contrebandiers, des chasseurs de rats, des brûleurs de la forêt, coupeurs de bois mais surtout des firmes pollueuses à grande échelle.
Ainsi, autant il faut encourager et impliquer tout le monde pour la sauvegarde de l’environnement, autant il faut célébrer les personnes qui font de cette lutte, leur combat quotidien. Une figure emblématique resurgit dans mon esprit. Cette figure emblématique vient du Continent noir, cette figure emblématique est une femme, cette figure emblématique est Wangari Maathai.

Qui est Wangari Maathai ?

Le portrait de cette dame est dressé par de nombreux journalistes et est disponible en libre accès sur des nombreux sites. Toutes les informations concordent.

Wangari Maathai est née en 1940 dans un village kenyan, aux heures de la colonisation britannique. Comme beaucoup de « success stories », rien ne prédestinait cette fille de paysan à devenir la première femme africaine lauréat du Prix Nobel de la paix (2004), la première femme de l’Est et du Centre de l’Afrique titulaire d’un doctorat (en biologie) et la première femme professeure d’origine Kenyanne.

Maathai est ce qu’on peut appeler une « personne de destin ». En 1948, elle fait ses premiers pas à l’école. Onze ans plus tard, elle obtient son baccalauréat et s’envole l’année d’après pour les études supérieures aux Etats-Unis. Elle a pu décrocher une bourse.
De retour au pays, elle se marie. Mère de trois ans, elle divorce en 1979. Son mari la trouvait « trop fort caractère pour une femme » et qu’il était « incapable de la maîtriser ».
Mais Maathai trouve sa renommée internationale en raison de ses engagements écologistes et son militantisme. C’est sa casquette d’écologiste qui fait d’elle la figure emblématique qui est digne de faire la une du mois de juin.

Elle a milité jusqu’au bout…

J’étais au collège, la première fois que j’ai entendu le nom « Wangari MaathaI ». C’était pendant le cours d’anglais. Son histoire est relatée dans « Go for English », le livre qui était au programme cette année-là. Ce jour-là, j’ai été fasciné par l’audace et la détermination d’une femme noire africaine. Je me suis demandé s’il s’agit d’une fiction ou d’une histoire réellement vécue par une personne qui a existé. J’ai eu comme un sentiment de soulagement et de joie lorsque l’enseignant nous rassurait que ce qui est narré dans ce livre est une histoire vraie. D’ailleurs WM était (encore) en vie. Nous étions en 2009.

En effet, c’est l’histoire d’une femme, l’histoire d’un mouvement. C’est l’histoire de la « green belt movement ». N’allez pas y chercher plus d’explications. L’objet du mouvement de la ceinture verte se trouve dans sa dénomination. Le GBM est une ONG non gouvernementale qui œuvre dans le domaine de l’écologie. Comme un symbole, il est né un 5 juin (1977), date de la journée mondiale de l’environnement. C’est une initiative de WM, portée à l’époque à la tête du Conseil National des Femmes du Kenya.

Au-delà de l’écologie, c’est un mouvement féministe. On la qualifie d’organisation écoféministe.
De facto, le GBM est guidé suivant une approche particulière. C’est pour cela que l’éducation ou l’approche dictée est holistique. Pour Wangari et ses thuriféraires, « une éducation holistique signifiait relier la préservation de l’environnement à la paix, aux droits humains et à la lutte contre la pauvreté et, surtout, s’adresser à celles qui étaient le plus souvent exclues de l’éducation scolaire, notamment les femmes des régions rurales ».

Le militantisme holistique de la « femme qui plante des arbres » a conduit à beaucoup de bras de fer avec les pouvoirs publics. Elle fera des séjours courts ou moyens en cellules.
En termes de réalisation, si le nombre d’arbres plantés n’est pas déterminé avec précision, on s’accorde par contre sur l’impact que ceux-ci ont eu sur la population en général et les femmes en particulier. « La plantation d’arbres a permis de réduire la distance que les femmes avaient à parcourir pour trouver du bois de chauffe. Les arbres étaient plantés en ligne par milliers, formant ainsi des ceintures vertes qui parcouraient la terre. »

Quels héritages laisse-t-elle au monde et à l’Afrique ?

Wangari à travers ses différents combats est à ériger comme modèle d’engagement et de détermination, épris de la question des femmes. Le mouvement de la ceinture verte est un immense legs. Au-delà, ses qualités et ses prises de position regorgent beaucoup d’enseignements.
Féministe, elle s’inscrit dans le même sillage que Hilary Clinton et clame que “Human rights are women’s rights, and women’s rights are humans rights”.

Intellectuelle, elle enseigne qu’il n’y a pas un genre dédié aux grandes et aux longues études supérieures. Elle détruit de nombreux sérotypes et des « idéaux types » du Continent africain. « Les longues études coûtent chères et en plus elles sont faites pour les hommes. Tu trouveras un mari qui s’occupera de toi », peut-on écouter dans le film d’animation « Aya de Yopougon ».
Paysanne, elle est le miroir dans lequel tout le monde peut se rendre à l’évidence que les conditions de précarités initiales ne constituent pas des barrières pour confiner les rêves.

Décédée le 25 septembre 2011, Wangari Maathaï n’est plus. Cependant ses œuvres seront toujours contées, son histoire sera toujours enseignée, de générations en générations.

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